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Les procédés anciens

Les techniques de la photographie au XIXème siècle

Par Philippe Aprosio


Les procédés négatifs
Les procédés positifs
A la fois négatif et positif


"Si la photographie vous intéresse, laissez vous tenter par un petit voyage dans le temps et propulsez vous dans ce siècle qui a permit à cet art de naître , de se développer et d' acquérir ces lettres de noblesses."
Philippe Aprosio

LES PROCEDES NEGATIFS

Les plaques sèches à l'albumine

En 1847 on met au point une technique qui permet d'obtenir des négatifs non plus sur du papier à cause duquel on perd de la netteté sur les clichés mais sur des plaques de verre ce qui permet de reproduire les objets photographiés jusque dans leurs plus petits détails. Mais tout cela ne c'est pas fait sans difficultés et il a fallu de nombreuses recherches pour découvrir un liant capable d' adhérer suffisamment fort sur le verre pour ne pas se décoller durant tout les traitements , de retenir les sels d'argent et de pouvoir permettre le développement de l'image même après avoir séché. Cette substance c'est l'Albumine des oeufs contenue dans le blanc.

Cette technique est la plus facile à mettre en pratique bien qu'il soit pratiquement impossible d'obtenir des résultats vraiment parfaits. On prend des oeufs et on sépare le blanc du jaune. Dans le blanc on dissout du Iodure de Potassium et un petit peu d'ammoniaque. Il faut ensuite battre ces blancs d'oeuf en neige très ferme et les abandonner à eux-mêmes durant environ 12 heures. Ce temps écoulé on récupère le liquide qui s'est déposé au fond du contenant , c'est l'albumine photographique. Sur des plaques de verres parfaitement nettoyées on applique cette albumine et on laisse sécher une douzaine d'heures. Une fois sèches il faut sensibiliser les plaques dans un bain de nitrate d'argent acidifié pendant environ 1 mn. La sensibilisation terminée il faut rincer les plaques pour éliminer l'excès de nitrate d'argent et on laisse sécher bien à l'abri de la lumière. Les plaques ainsi préparées peuvent être conservées environ 15 jours. L'exposition de telles plaques ne se compte plus en secondes mais en minutes, un manuel d'époque indique environ 1 mn et demie pour trois centimètre de tirage du soufflet ( Ce qui donne pour une focale de 200 mm un temps de pose d'environ 10 mn si l'on photographie à l'infini ) et en plein soleil.

Après l'exposition les plaques sont développées, lavées, fixées et encore lavées avant d'être séchées. Bien que la pellicule d'albumine soit très résistante une fois sèche il faut prendre quelques précautions dans les diverses manipulations tant que celle-ci est humide car on peut facilement la déchirer. Les clichés obtenus par l'albumine donnent des positifs très doux et particuliers avec peu de contraste.

A noter : si vous préférez le format vidéo, vous retrouverez sur la chaine YouTube de Photophiles une playlist consacré à des tutos Photoshop dont certains dédiés à la reproduction de procédés anciens en numérique:

Le Collodion Humide :

Cette technique qui date de 1851 permet d'obtenir des clichés d'une très grande finesse de grain et capable de rendre une plage de gris très étendu .Les résultats que l'on peut attendre d'un tel procédé sont pratiquement impossible à atteindre avec les procédés actuels. Bien sur tous ces avantages sont largement contrebalancés par quelques inconvénients dont un de taille ; la plaque doit impérativement être terminée avant le séchage de la pellicule de collodion qui sert de médium aux sels d'argent, sinon celle-ci perd toute sensibilité et tout développement devient impossible d'où le nom du procédé.

 

Collodion humide
Cette image a été obtenue à l'aide d'un programme de traitement d'image à partir de la numerisation d'un cliché négatif réalisé selon le procédé du collodion humide.

 

Le collodion est du nitrate de cellulose (coton poudre) dissout dans un mélange d'alcool et d'éther.

On introduit dans ce collodion des sels de Cadmium , d'Ammonium ou de Potassium bien que ces derniers nécessitent l'ajout d'une certaine quantité d'eau afin de réaliser leur dissolution et cet ajout peut créer quelques problèmes.

Après avoir dissout nos sels nous avons en main du collodion photographique.

Il faut couler le collodion sur une plaque de verre coupée à la dimension voulue, après avoir coulé le collodion, on laisse évaporer quelques instants jusqu'à ce que le collodion fasse prise.

 

Lorsque le collodion a fait prise on immerge la plaque dans un bain de nitrate d'argent pendant quelques minutes afin que les sels contenus dans la pellicule soit transformé en halogénures d'argent sensibles à la lumière.

Viennent ensuite égouttage , exposition , développement , fixage et lavage tout cela évidemment avant le séchage de la couche sensible.

Le Collodion Sec au Tanin :

Dès l'apparition du procédé au collodion humide en 1851 de nombreux chercheurs et amateurs se mirent en quête de trouver un moyen d'utiliser les plaques au collodion non plus humides et dans un temps extrêmement court , mais sous une forme sèche , tout en leurs conservant leurs sensibilité , et ceci afin de ne plus être obligé d'avoir son laboratoire avec soi. L'idée était excellente et devait permettre la photographie de voyage d'une manière beaucoup plus pratique. Deux voies se sont ouvertes l'une qui consistait à préserver l'humidité du collodion par l'application de diverses substances (miel, sirop de sucre........) et l'autre qui permettait un séchage complet de la plaque après avoir recouvert celle-ci d'une substance ( albumine , tanin ....) conservant la porosité de la pellicule de collodion , porosité qui permettait au révélateur d'agir malgré le séchage de la couche sensible et donc le développement de l'image restait possible. C'est une option du second type qui va nous occuper et qui date de 1854.

 

Collodion sec au tanin
Ce tirage a été effectué par contact à partir d'un négatif au collodion sec au tanin sur papier Aristotype Centenial. La photographie a ensuite été virée dans un bain au sélénium afin d'obtenir des tons plus froids.Le négatif à demandé une pose de 5 minutes et cela un jour où le soleil etait complètement voilé par des nuages bien blancs.

 

La substance que nous utiliserons est le Tanin. C'est une poudre extraite, entre autres, de l'écorce du chêne. La préparation d'une plaque sèche au tanin commence exactement comme pour une plaque au collodion humide, la marche à suivre diffère après la sensibilisation. Au sortir du bain de nitrate d'argent la plaque est rincée plusieurs fois dans une grande cuvette (ou une bassine) contenant de l'eau ordinaire, après 5 ou 6 passages dans cette eau un petit truc que je vous communique (mais n'en parlez pas !!!) , il faut immerger la plaque dans un bain d'eau contenant de l'acide chlorhydrique ou du sel de cuisine . Après ce bain vient un rinçage à l'eau distillée et enfin la mise au bain de tanin . La plaque est ensuite mise à sécher dans le noir complet pendant environ 12 heures. Une fois sèches les plaques préparées suivant cette méthode se conservent très longtemps (dans certains ouvrages on parle de plusieurs années ???) et gardent leurs sensibilité si évidemment on prend soin de les préserver de la lumière et de l' humidité.

Après l'exposition à la chambre noire les plaques sont développées , fixées et lavées comme à l'ordinaire. Pour ce qui est de l'exposition il faut compter environ 30 fois le temps de pose nécessaire pour une plaque humide, alors pour ce qui est de l'instantané ........

LES PROCEDES POSITIFS

Le Papier Salé :

La technique du papier salé date de la découverte du principe négatif /positif en 1840 pour ne pas dire de l'aube de la photographie. En effet les premiers essais photographique n'ont-ils pas été réalisé avec du chlorure d'argent ? Et bien le papier salé n'est rien d'autre qu'un papier au chlorure d'argent. Le chlorure d'argent étant un produit pratiquement impossible à appliquer tel quel sur un papier du fait de sa solubilité difficile , il a été plus facile de former le chlorure d'argent directement à la surface de la feuille de papier, préalablement trempée dans une solution de chlorure de sodium, par l'action du nitrate d'argent. D'où le nom de papier salé.

 

Papier salé
Nous avons ici la numerisation d'un tirage sur papier salé non viré, réalisé par contact au travers d' un négatif au collodion humide.J'ai essayé de conserver au maximum le rendu des tons tout à fait particulier des tirages sur papier au chlorure d'argent.

La préparation du papier débute par une immersion de la feuille dans un bain d'eau distillée contenant du chlorure de sodium. La feuille est ensuite séchée, dans cet état elle peut être conservée indéfiniment ,puis mise à flotter sur une solution de nitrate d'argent , on l'égoutte et on la sèche .La feuille ainsi apprêtée est sensible à la lumière , à l'humidité et ne se conserve que peu de temps. Il ne faudra donc préparer que la quantité juste nécessaire pour les besoins du moment .

Le papier sensible est exposé sous un négatif, à l'aide d'un châssis, à la lumière du jour. Le papier au chlorure d'argent est un papier à noircissement direct, c'est à dire qu'il noirci au fur et à mesure de son exposition et ne nécessite donc pas de révélateur. Quand l'exposition est jugée suffisante le tirage est d'abord rincé pour enlever le nitrate d'argent en excès sur la couche sensible , il est viré (ou non viré) et enfin fixé. Il est ensuite lavé bien à fond afin de faire disparaître toutes traces d'hyposulfite de soude (thiosulfate de sodium). Après le lavage le tirage est séché et repassé pour l'aplanir.

 

Le Papier Albuminé :

Le papier Albuminé est né du fait que l'on s'est vite aperçu que dans le papier salé l'image allait se former en partie à l' interieur des fibres du papier et donc perdait en contraste et en brillant. On a donc cherché à boucher les pores du papier par un ecollage, et pour réaliser cet encollage on à utilisé de l' albumine chlorurée. Dans ce procédé le chlorure d'argent n'est plus formé a même le papier , mais dans l' épaisseur de la couche d' albumine par l'action du nitrate d'argent. D'où le nom de papier albuminé.

La préparation de ce papier commence par l' encollage en faisant flotter la feuille sur un bain d'Albumine contenant du chlorure de sodium . La feuille est ensuite séchée , dans cet état elle peut être conservée indéfiniment ,on peut, si l' on veut obtenir un brillant plus important, faire subir au papier un second albuminage, on est alors en présence d' un papier doublement albuminé.Pour le rendre sensible le papier est mis à flotter sur une solution de nitrate d'argent , on l'égoutte et on le sèche . La feuille ainsi apprêtée est sensible à la lumière , à l'humidité et ne se conserve que peu de temps. Il ne faudra donc préparer que la quantité juste nécessaire pour les besoins du moment .

Le papier sensible est exposé sous un négatif, à l'aide d'un châssis, à la lumière du jour. Le papier au chlorure d'argent est un papier à noircissement direct, c'est à dire qu'il noirci au fur et à mesure de son exposition et ne nécessite donc pas de révélateur. Quand l'exposition est jugée suffisante le tirage est d'abord rincé pour enlever le nitrate d'argent en excès sur la couche sensible , il est viré (ou non viré) et enfin fixé. Il est ensuite lavé bien à fond afin de faire disparaître toutes traces d'hyposulfite de soude (thiosulfate de sodium). Après le lavage le tirage est séché et repassé pour l'aplanir.

Le procédé à la gomme :

Ici nous découvrons un procédé Pigmentaire, c'est à dire un procédé de tirage dans lequel ne rentre aucun métal pour la formation de l'image. Contrairement au procédé sur papier salé où l'image est formée par de l'argent métallique dans le procédé à la gomme l'image est formé par une poudre colorante ( pigment ) contenue dans une dissolution de Gomme Arabique ( Sève extraite d'une espèce d'acacia qui pousse en Afrique ).Cette préparation est rendu sensible à la lumière par l'introduction de Dichromate ( ou Bichromate) de Potassium ou d' Ammonium. La gomme bichromatée est appliquée sur le papier à l'aide d'un pinceau le plus régulièrement possible, ensuite on sèche la feuille. Une fois sèche la feuille est sensible à la lumière , on expose dans un châssis à tirage sous un négatif. Sous l'action de la lumière la gomme va s'insolubiliser en rapport de la lumière reçue. L'image apparaît peu à peu par changement de teinte de la gomme. Là aussi il faut estimer l'exposition, lorsque celle-ci est jugé suffisante on procède au développement en immergeant le tirage dans une cuvette d'eau claire et fraîche. Au bout d'un certain temps la gomme qui n'a pas reçu de lumière va se dissoudre sous l' action de l' eau et va abandonner la feuille en revanche la gomme qui a été insolée est insoluble et reste attachée au papier et forme l'image. Après le dépouillement complet de l'image, aucun fixage n'est nécessaire et il suffit de laisser sécher.

Les procédés pigmentaires on l'avantage sur les procédés métalliques d'offrir une plus grande stabilité dans le temps mais, à quelques exceptions près, ils possèdent une définition beaucoup moins grande que les procédés métalliques. Ils permettent une mise en oeuvre plus facile et l'utilisation de produits moins coûteux.

A LA FOIS NEGATIF ET POSITIF

Ces procédés ont la particularité d' apparaitrent négatif par transparence et positif par réflexion. On provoque donc la réflexion de la lumière en appliquant au dos du négatif une surface noire (Ambrotype), ou en créant le négatif directement sur la surface noire (Ferrotype).

L'Ambrotype :

C'est un procédé mis au point en 1854 et qui n'est rien d'autre que l'adaptation au collodion humide d'un procédé qui était pratiqué sur plaque à l'albumine depuis 1848 et que l'on nommait "amphitype". Pour réaliser un ambrotype, il faut suivre le même mode opératoire que pour une plaque au collodion humide. Une plaque de verre est donc préparée de la même manière, à savoir étendage du collodion, sensibilisation, égouttage, exposition, développement, lavage, fixage, lavage, séchage.

Quelques modifications seront néanmoins nécessaires pour obtenir un ambrotype digne de ce nom;

La composition du collodion sera légèrement modifié bien que cela soit facultatif, on obtient de très bon résultat même avec un collodion préparé pour les négatifs.

La plaque sera volontairement sous-exposée pour avoir une image légère avec peu de densité dans les clairs.

L'acidification du révélateur, c'est à mon avis ce qui est le plus important dans la réalisation du procédé, se fera avec de l'acide nitrique ( et non pas acétique ou sulfurique comme dans les autres procédés ) pour que l'argent qui va former notre image soit sinon blanc brillant , tout au moins gris très clair.

Le fixage devrait théoriquement se faire avec du cyanure de potassium, ce qui rendrait l'image encore plus brillante, mais je me refuse personnellement à l'utiliser du fait de sa toxicité. Je fixe donc comme à l'habitude avec du Thiosulfate de sodium et le résultat est bon.

Enfin après le lavage et le séchage de la plaque celle-ci doit être posée sur un fond noir ou marron foncé pour que le changement s'accomplisse et que l'image apparaisse en positif.

C'est une méthode rapide qui convient bien pour le portrait car elle nécessite un temps de pose très court (tout étant relatif) , de l'ordre de 2 à 4 seconde à l'ombre bien claire.

Le Ferrotype :

Le ferrotype ou tintype ou mellanotype n'est ni plus ni moins qu' un ambrotype (voir ci-dessus) réalisé non pas sur une plaque de verre mais sur un morceau de tôle de fer blanc recouverte d' un vernis noir. Ce procédé fut utilisé par les forains et ce jusque dans les années 1950 .

La tôle est d' environ 0,15mm d' épaisseur (tôle de boite à biscuit par exemple), le vernis est composé de bitume de judée dissout dans de la benzine et dans lequel on incorpore un pigment noir. L' avantage du ferrotype est la légèreté des plaques (à format égal), le peu de fragilité par rapport aux plaques de verre et le fait que le modèle peut emporter sa photographie aussitôt vernie et séchée. L'inconvénient majeur est que l'image est systématiquement inversée.

En savoir plus sur l'auteur

Photophiles.com remercie Philippe Aprosio auteur de ce texte, qui vous présente les différents procédés photographiques utilisées au 19ème siècle. Visitez son site Internet http://membres.lycos.fr/aprosio/ très complet sur le sujet : vous y trouverez de nombreuses rubriques dont toutes les explications et formules nécessaires pour explorer ces techniques. Philippe Aprosio est le webmaster du site http://www.aprosio.com sur lequel vous trouverez de très nombreuses informations et conseils sur l'histoire de la photographie au 19ème, les procédés, les formules, les images et les conseils de l'auteur pour réaliser vos propres clichés en utilisant ces procédés dits "alternatifs".

Conctacter Philippe Aprosio : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Son site : http://www.aprosio.com

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